C’est à dessein que nous avons décidé de ne prendre dans cette nomenclature que les instruments les plus courants. Si, par exemple, nous devions parler de toutes les percussions brésiliennes, il faudrait évoquer au grand minimum une cinquantaine d’instruments qui, en plus, changent de nom et de construction d’une région à l’autre. Il en serait de même pour des instruments à cordes pincées tels que le koto japonais ou le sitar hindou et bien d’autres : pour ce genre d’instruments rarement utilisés dans nos contrées, il vaut mieux s’informer auprès d’un musicien du cru.

Également en Europe pour des instruments tels que la « viole abraso » (pour lesquelles une petite étude est tout de même faite), qui sont les ancêtres de nos cordes actuelles et qu’on ne trouve plus guère que dans les musées; ou encore les différentes bombardes, le luth, etc. Si nous devions recenser tous les instruments existant au monde, cela nous conduirait à écrire un véritable dictionnaire d’au moins cinq mille articles et qui de toute façon – même réactualisé – serait perpétuellement incomplet.

Nous diviserons cette nomenclature en huit groupes principaux :

Chapitre I – Les Cuivres

  • 1. La trompette : en ut, en Bb, en D, en Bb aigu, le bugle en Bb, le cornet, le cornet-trompette, autres trompettes.
  • 2. Le trombone : ténor, basse, complet.
  • 3. Le cor : Le cor simple, le cor à pistons, le mélophone en fa, le tuben
  • 4. Le saxhorn : en mib, en sib, euphonium en sib, tuba en fa, en mib, contre-tuba en ut, en sib.

Préambule : Définition de l’aérophone

Un aérophone, couramment appelé instrument à vent, produit du son grâce aux vibrations créées par un souffle d’air, qui provient soit du souffle de l’instrumentiste – saxo, flûte, hautbois – soit d’un soufflet mécanique, par exemple l’orgue ou l’accordéon.

1) La Trompette

Avant l’invention des pistons, on n’employait que les « trompettes simples » qui ne donnaient donc que les harmoniques.

D’ailleurs, certaines notes de ces harmoniques n’étaient pas très justes (F#). C’est ce qui explique que, pour pouvoir jouer toutes les notes de la gamme diatonique, il y ait eu des trompettes dans pratiquement tous les tons.

Avec l’apparition des pistons, on peut maintenant jouer toutes les notes entre ces harmoniques et plus justes. Mais pour obtenir seulement ces harmoniques, il faut faire agir de façon concomitante la « colonne d’air » (diaphragme) et la langue (qui se rapproche du palais au fur et à mesure que l’on monte dans l’aigu) ; et non pas comme on l’a cru – et enseigné ! – longtemps, en appuyant l’embouchure de plus en plus fort sur les lèvres pour atteindre les notes aiguës. Les lèvres ne servent en fait qu’à vibrer et cette vibration est transmise à l’instrument par l’intermédiaire d’une embouchure. Ces remarques sont également valables pour les cors et les trombones (instruments à embouchures).

Nous n’étudierons donc pas toutes les trompettes existantes mais seulement les plus courantes (C, Bb, D, Bb aigu ou TRP piccolo), avec leurs derniers perfectionnements techniques de construction.

a)    La trompette en ut

La plus souvent utilisée en classique, rarement en jazz.

Au fur et à mesure que l’on monte dans l’aigu, les notes sont de plus en plus difficiles à obtenir. Pourtant, certains trompettistes vont plus haut, jusqu’au double contre-ut parfois.

Les C# et les D graves, trop hauts pour toutes les trompettes d’ailleurs, sont corrigés en actionnant la pompe du 3e ou 1er piston. Toutefois, le fait d’agir sur ces pompes risque de faire un peu trembler l’embouchure sur les lèvres ; aussi convient-il, lorsqu’on écrit ces notes, de prendre quelques précautions.

L’on peut exécuter trois types de trilles ou batteries (5– maximum):

  • Ceux joués essentiellement au moyen des pistons (pistons)
  • ceux produits seulement au moyen de la colonne d’air (colonne).
  • Ceux exécutés avec les pistons ET la colonne d’air (pistons et colonne).

En voici le tableau complet, valable pour toutes les trompettes — quel que soit leur ton — et même pour les cors.

 



Au-dessus de ces notes, la difficulté principale réside dans le fait de pouvoir atteindre ces notes aiguës. Mais le trille sera toujours plus facile à un ton qu’à un demi-ton.

Nous avons pris les trilles à la 5– pendant un certain registre, puis à la 4te pour un autre registre, puis  à la 3ce, à la 3–, à la 2de pour d’autres registres. C’est parce que lorsqu’on quitte un registre pour rentrer dans un autre, que l’intervalle du trille du registre précédent devient très difficile, pour ne pas dire impossible.

Ainsi, par exemple, lorsqu’on quitte le registre de la 5– (à partir du G 2e ligne), le trille à la 5– devient très difficile.

Lorsqu’on quitte le registre de la 4te (à partir du C 3e interligne) le trille à la 4te devient très difficile.

Lorsqu’on quitte le registre de la 3ce (à partir du E 3e interligne) le trille à la 3ce devient très difficile.

Lorsqu’on quitte le registre de la 3ce mineure (à partir du G# au-dessus de la dernière ligne) le trille à la 3– devient très difficile.

Lorsque le trille est joué avec les pistons, il faut tout de même faire agir la colonne d’air, surtout si l’intervalle du trille dépasse la tierce mineure dans le grave et la seconde dans l’aigu. D’autre part, on peut obtenir des trilles faciles avec de faux doigtés, que connaissent bien les cuivres*. Ainsi, par exemple, pour la trompette, le A aigu s’obtient en appuyant sur les 2e et 3e pistons. Le B s’obtient en appuyant sur le 1er piston.

*Les instrumentistes qui jouent des cuivres sont communément appelés les cuivres.

Et si l’on a le trille Ab-Bb et qu’on agisse avec les doigtés idoines, ce trille est très difficile. Mais avec un faux doigté (1er piston) on peut obtenir également un Ab: peut-être un peu faux, mais qui passe très bien dans un trille. Le doigté sera donc le même pour le Ab et le Bb et il ne suffira plus qu’à faire agir la colonne d’air.

Les sourdines

Il faut savoir que les sourdines faussent le diapason de la trompette (presque un demi-ton pour certaines d’entre elles) et que l’instrumentiste doit donc réaccorder son instrument lorsqu’il les utilise ou au contraire lorsqu’il les enlève. L’arrangeur doit donc prévoir un temps (au moins 6 secondes) pour que le musicien ait le temps de mettre ou d’enlever sa sourdine et de se  réaccorder.

D’autre part, en dessous du C grave et au-dessus du contre ut, il devient très difficile de jouer avec une sourdine: les notes deviennent fausses ou indéfinies et le son a du mal à sortir. Les cuivres disent qu’elle « refoule » le son.

Il existe un grand nombre de sourdines. Nous examinerons les cinq principales :

La straight mute ou sourdine sèche ou sourdine droite

Des bandes en lièges maintiennent la sourdine en place. C’est la plus commune, car utilisée en classique aussi bien qu’en jazz. Le son est aigre, pincé ; on peut le rapprocher (avec beaucoup de restrictions) du son du hautbois (tout de même très différent). Stravinsky s’en sert dans le « Sacre du Printemps » (Danse Sacrale : éd. Boosey and Hawkes, TRP en D, chiffre 151).

Elle est très sonore. Le réaccordage est minime.

La cup mute ou Robinson (du nom de son inventeur) ou bol ou sourdine coupe

Parfois employée en classique, c’est une straight mute au bout de laquelle on a rajouté une sorte de coupelle (d’où le nom de « cup »), souvent utilisée en jazz, plus qu’en classique. Le son est beaucoup moins aigre que la straight, plus doux et se marie assez bien avec le son de la clarinette. La coupe peut être réglable pour moduler l’effet de sourdine.

Elle est moins sonore que la straight. Le réaccordage est minime.

La Harmon mute ou sourdine à harmoniques

 Inemployée en classique. C’est une espèce de vase en fer qui, enfoncé dans le pavillon de la trompette, ne laisserait pas sortir le son s’il n’y avait, au bout de ce vase, un trou pour le laisser passer.

Harmon straight mute

 

 

Harmon wah wah

 

Dans ce trou, on peut introduire un tube qui, au fur et à mesure qu’on l’enfonce, laisse filtrer un son de plus en plus aigre. L’harmon sans le tube produit un son avec beaucoup d’harmoniques: d’où son nom. Cette sourdine (sans le tube) a été fréquemment utilisée par le trompettiste Miles DAVIS.

Peu sonore. Sans le tube : réaccordage indispensable.

La Velvet mute ou sourdine velours

Inemployée en classique. C’est une sorte de boîte de conserve de 1 kg dans le fond de laquelle il y a du coton et qui vient s’adapter au pavillon de la trompette au moyen de broches. Le son qu’elle produit est un son de TRP mais beaucoup plus doux, proche du son du bugle, son de « velours », d’où son nom. Pas très sonore. Réaccordage obligatoire.

La Plunger mute ou sourdine wah-wah ou sourdine plongeur

Inemployée en classique. Au départ, c’est l’instrument en caoutchouc (sans le manche) dont on se sert pour déboucher les éviers, d’où son nom. En le mettant sur le pavillon de la trompette, elle ferme presque complètement le son; et en l’enlevant brusquement, le son produit est « ouah », d’où également le nom de wah-wah. Fermée : presque insonore et fausse

Donc, pour résumer, le rappel suivant :

  • Straight mute : « sourdine droite ». Très sonore, le réaccordage est minime.
  • Cup mute :  « sourdine coupe ». Moins sonore, le réaccordage est minime.
  • Harmon mute : « sourdine à harmoniques ». Peu sonore. Sans le tube : réaccordage indispensable.
  • Velvet mute : « sourdine velours ». Pas très sonore. Réaccordage obligatoire.
  • Plunger mute :  « sourdine plongeur ». Fermée : presque insonore et fausse.

b)    La trompette en Bb

La plupart du temps utilisée en jazz ou en variété. Mais les musiciens classiques utilisent de plus en plus cette trompette qui a un son plus large, plus ouvert que la trompette en ut.

Les astreintes en sont les mêmes que la trompette en ut : notes fausses, tessiture, trilles ou batteries. La plupart des sourdines sont surtout prévues pour TRP en Bb.

c)    La trompette en D

Presque exclusivement utilisée en classique, les astreintes (notes fausses, tessiture, trilles ou batteries) sont les mêmes que pour la trompette en ut. Toutefois, compte tenu de la grandeur du pavillon, les sourdines les plus fréquemment utilisées sont la straight mute et parfois la Robinson, dont on râpe les lièges. La velvet ou la harmon, ainsi que la Plunger, sont trop grandes pour le pavillon de la TRP en D et ne sont donc pas employées.

 

d)  La trompette en Bb aigu ou trompette piccolo

Presque exclusivement utilisée en classique. Elle sonne une septième plus haut que son écriture. C’est une toute petite trompette donc les extrêmes, aigus ou graves, sont faux ou délicats, comme d’ailleurs tous les petits instruments tels que le sax sopranino en mi , la flûte piccolo, la clarinette piccolo en E , etc. D’autre part, vu l’exiguïté du pavillon, on ne peut se servir des sourdines (sauf éventuellement la petite straight mute).

 

e) Le bugle en Bb

Il existe le bugle en mib, un peu faux et presque complètement disparu, mais le plus connu est le bugle en Bb . Il existe aussi le bugle sopranino en mib, à peu près complètement disparu. Le bugle fait partie de la famille des saxhorns et se présente un peu comme un clairon sur lequel on aurait adapté des pistons.

 

Le son est en général plus généreux que celui de la trompette. Les pédales se préparent car elles sont difficiles à obtenir. Une ou deux mesures avant, une ou deux mesures après, ne leur écrivez rien d’autre.Il n’existe pas de sourdine pour le bugle. En effet, l’ouverture du pavillon est entre celui de la trompette et celui du trombone.

Enfin, il n’y a pas de pompe pour réajuster les D et les C graves. En effet, ces deux notes sont un peu moins fausses que sur la trompette et de plus, l’embouchure étant plus profonde, le musicien les corrige avec les lèvres.

f)    Le cornet

De son moins brillant que celui de la trompette, il en est néanmoins le prédécesseur. Il relie bien le cor à la trompette. Son embouchure, plus profonde que celle de la trompette, permet une plus grande vélocité. Il y a des cornets en Ab, Bb, B et C, mais les plus usités sont ceux en Bb et en C. Bien qu’il ne joue pas les pédales aussi justes que le permet le bugle, il en a néanmoins la même tessiture à une note près ( le Bb aigu : les Bb et c aigus sont difficiles) : la sourdine la plus courante est la straight.

g)    Les autres trompettes 

Le cornet-trompette : beaucoup de trompettistes jouant du bugle (parfois avec des embouchures de trompette) montent plus haut que le A aigu. Mais, au-dessus de cette note, le son redevient presque comme celui de la trompette et donc, moins intéressant en tant que son de bugle. C’est ainsi qu’on a inventé le cornet-trompette en Bb, qui se joue avec une embouchure de trompette et en a la même tessiture et les mêmes servitudes. Le son est à mi-chemin entre le bugle et la trompette.

h)    Généralités sur les trompettes

La plupart des autres trompettes sont plus ou moins tombées en désuétude. Signalons toutefois la TRP simple en Bb (clairon). La TRP simple en E (TRP de cavalerie), la TRP en Eb, en F,  en G et en A, sont de moins en moins utilisées, voire très rarement.

 N’oubliez pas de les faire respirer !

  • Toutes les 10 ‘’ environ pour une nuance piano (p).
  • Toutes les 8 ‘’ environ pour une nuance mezzo-forte (mf)
  • Toutes les 6 ‘’ environ pour une nuance forte (f).

Les trompettistes préféreront des interventions ponctuelles (même difficiles ou aiguës) plutôt que des tenues.

L’embouchure étant très petite, il faut de temps en temps laisser reposer les lèvres. Évitez de leur écrire des traits en dents de scie.
Plus vous écrirez conjoint, plus vous aurez de chances d’être joué vite et bien.N’oubliez pas que les F, Ab, Bb aigus ou les F, A, B aigus par exemple, se font avec le même doigté et que, dans l’aigu, il est très facile de faire une fausse note si on rate son attaque, surtout si la note précédente se trouve à un grand intervalle.

Article tiré du Volume III du Traité de l’Arrangement : traité d’instrumentation

Par Jean-Loup Cataldo le 27 septembre 2017

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