Grandmaster Flash

Le hip-hop est un mouvement culturel dont le rap (l’art du MCing), au même titre que d’autres disciplines, fait partie. Il comprend des genres variés tels que hip-hop expérimental, hip-hop alternatif, hip-hop chrétien, hip-hop soul, rap jazz, hip-hop pop, battle, rap politique, rap hardcore, gangsta rap, nerdcore, horrorcore, hip-hop industriel, hip-house et quelques autres.

Il s’inspire à ses débuts des styles scat, rhythm and blues, funk, disco, puis reggae, remix dub, dancehall jamaïcains, puis évolue de nos jours vers un hip-hop mainstream bien lisse fait de collaborations avec les vedettes pop du moment.

Les derniers poètes.

Le groupe The Last Poets, fondé en 1968 – qui revendique la paternité du rap et du hip-hop –, inspiré par les discours subversifs des Black Panthers, assénait déjà ses revendications orageuses sous forme de rimes et sur fond de rythmes percussifs (batterie, bongos, cloches).
Mais le mouvement hip-hop est réellement né dans le Bronx – quartier de New York – des block parties qu’organisaient les 1ers DJ.

Kool Herc

 

Précurseur, Kool Herc eut l’idée d’utiliser deux platines pour enchaîner les morceaux et permettre aux danseurs de ne pas interrompre leurs figures. La recette fut tellement au point que des jeunes de plusieurs quartiers se regroupaient lors des block parties et se lançaient dans de véritables joutes verbales et corporelles.

De son côté, le DJ Afrika Bambaataa mixera le funk, la soul, mais aussi le rock et la musique latino dans un son plutôt électro. Né dans l’un des quartiers les plus violents et les plus défavorisés de New York, South Bronx, son charisme l’avait propulsé chef d’un gang. La mort d’un ami dans une rixe avec une bande rivale l’incita à méditer sur la violence et ses conséquences néfastes. Ainsi, il fonda en 1974 la Zulu Nation, organisation artistique et pacifiste qui éploiera son influence jusqu’en Europe – au milieu des années 1980 – et légitimera l’esthétique du mouvement hip hop  :

  • MC (maître de cérémonie, soit le rappeur lui-même)
  • DJ (aux platines)
  • Graffeur (graffitis)
  • B-boys et B-girls (breakdancers).

Afrika Bambaataa

The Sugarhill Gang

En 1979, le rap sort officiellement des ghettos new-yorkais avec le tube mondial des Sugarhill Gang, Rapper’s Delight.

Grandmaster Flash And The Furious Five

Grandmaster Flash mit au point la technique du scratching, qui consiste à altérer – par des mouvements de la main – la vitesse de lecture d’un disque vinyle sous la tête de lecture, de manière à parvenir à un timbre original grâce au frottement de l’aiguille sur le sillon. On peut entendre pour la première fois du scratch dans le titre* The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel (1981), où l’artiste recourt à une dizaine de samples de morceaux connus – et notamment de manière répétitive la basse du titre *Another One Bites the Dust de Queen.

Le hit The Message (1982) adopte un beat puissant de batterie mixé très « devant », une basse au son dry, une guitare un poil funk et surtout un très bel emploi du synthé (Sequential Circuits Prophet 5) en riff et en effets sonores. Le MC y déclame ses tournures de manière infaillible sur le thème des conditions de vie dans le ghetto : c’est parfois comme une jungle, je me demande comment je me retiendrai de ne pas couler, du verre brisé partout, des gens pissent dans l’escalier, des drogués, des rats, impossible de partir bien loin, la dépanneuse a confisqué ma voiture…

Bombe à produire le son « hit »

Les rappeurs américains débarquèrent en France pour une série de concerts. Ainsi, le rap va décisivement s’y installer et devenir le 2e pays du hip-hop après les États-Unis, place qu’il occupe encore de nos jours.

the Aftermath

Cependant, il ne décolle vraiment qu’avec une seconde vague, apparue en 1984 : Run-DMC, les Fat Boys, LL Cool J. et surtout les Beastie Boys.
Puis en 1987 Dr Dre, Ice Cube et Eazy-E cartonnent avec NWA & the Posse – une compilation des morceaux produits par Dr Dre et interprétés par ses potes – dans une recette inédite qui assène des textes orduriers, sexuels, sexistes et violents : avoir des dollars, baiser les filles et posséder des flingues, c’est trop cool.

ACAB

L’année d’après, ils sortent le très puissant album proclamatoire gangsta rap Straight Outta Compton, un son nouveau, dont le morceau Fuck Tha Police (avec des samples de James Brown et de Wilson Pickett) devient un tube et pour lequel ils reçoivent des menaces du FBI. Ils y racontent ce qui se passe à L.A., en dénonçant le racisme et l’agressivité des forces de l’ordre de Los Angeles. Le gangsta rap est né. S’il ne faut écouter qu’un seul album de rap, c’est celui-là.

De fait, le business musical, toujours à l’affût des bons dollars, va surfer sur la mode gangsta, qui influera sur les jeunes du monde entier. La recette est simple, on ajoute sur l’album un autocollant Explicit Lyrics ou Parental Advisory Explicit Content, au plus les parents s’offusquent, au mieux leurs enfants ont l’impression d’être transgressifs et cool.

XXX

La jeunesse subjuguée par le côté caïd du MC ne porte plus le tee-shirt Metallica, mais s’habille comme Run-DMC, qui lance la mode de la rue, le street style – baskets, bob, veste zippée et blouson customisé avec des graffitis, en référence au street art –, alors que le genre vestimentaire des MC était jusque-là funk. Ils ont tout de même chanté My Adidas !

Plus tard, cette image du rappeur gangster sera habilement récupérée par des MC et virera au cirque avec Puff Daddy, Eminem, 50 cent (ancien dealer) et d’autres. L’odeur du dollar est verte.

En 1992, Dr Dre sort en solo The Chronic, album produit à partir de samples funk des années 1970, qui lance donc le style G-funk (gangsta funk) ; le tempo des titres est souvent assez lent, les lignes de basses sont travaillées, d’un son moelleux et mixées en avant ; le pied de grosse caisse très lourd et les leads, joués au synthé, assurent un rendu assez hypnotique et si on arrive à se plonger dans cet univers, il va vous prendre aux tripes. Les paroles détiennent tout de même le record de « mothafucka ». Le MC gangsta est un mec assuré, crâneur, « il se la joue grave », toutes les filles sont des bitches à son service, normal, il est très bien monté, possède les plus belles caisses, il deale des tonnes de crack et distribue ses ordres d’une des piscines de sa monumentale résidence.

Snoop Doggy Diggy Dog Lion

Cet album The Chronic a lancé la carrière de Snoop Dogg, qui sort en 1993 le G-funk Doggystyle, certifié quadruple platine, suivi en 1996 de Tha Doggfather, certifié double disque de platine. Snoop Dogg se distingue des autres rappeurs par sa voix traînante et paresseuse (mais de qui s’est donc inspiré Doc Gynéco ?). Les tempos de Tha Doggfather oscillent à peine entre 90 et 100 à la noire, le beat est nonchalant. C’est un peu normal, le MC vient de la côte ouest, où le soleil de Californie vous rend plus cool qu’à New York, ville des gens pressés. Le même phénomène s’était aussi produit vers 1950 avec le cool jazz et le west coast, une approche plus calme et plus détendue du jazz, rompant avec la surexcitation du be-bop. Snoop Dogg compte à ce jour plus de 40 millions d’albums écoulés à l’international.

le logo du wu tang clan

Le Wu-Tang Clan propose un rap raffiné qui a fait école (The Notorious B.I.G., Nas, Mobb Deep, Jay-Z) et dont le son a influencé pas mal de MC, encore aujourd’hui. En 1993, leur album Enter the Wu-Tang (36 Chambers), permet au mouvement east coast de tirer à lui une partie du succès du rap west coast.

Citons aussi dans la veine east coast Gang Starr et notamment le très sombre et agressif album Hard to Earn, d’une qualité de production impressionnante.

Gang Starr

Parallèlement aux artistes noirs qui diffusent des codes afros a émergé un groupe de rappeurs blancs, les Beastie Boys, qui n’utilisent pas du tout les samples du funk ou de la soul, mais plutôt du AC/DC, du bon vieux hard rock. Ils avaient monté un groupe de punk hardcore en 1979, mais c’est leur premier album, Licensed to Ill (1986), qui rencontrera un considérable succès commercial et sera référencé à la 1re place des disques hip-hop aux États-Unis. Ce qui mit hors d’eux les MC noirs, qu’une bande de blancs-becs marchent sur leurs plates-bandes, eux les vrais purs et durs.
Cinq millions d’albums écoulés, l’une des plus grosses ventes des années 1980. Du coup, ils accaparent non seulement la jeunesse blanche, mais aussi les jeunes Noirs. Ils ont écoulé à ce jour plus de 60 millions de disques.

les Beastie Boys et leur ghetto blaster, radiocassette stéréo géant

MC Hammer

Le rap business continue tranquillement de remplir l’escarcelle des Majors et des labels, plus du tout choqués par ce style de musique. Et ce n’est pas MC Hammer qui dira le contraire, avec son rap mainstream coulé au moule des séries américaines apprêtées, ni MTV qui diffuse en boucle son U Can’t Touch This, samplé – pas très inventivement – sur le fameux Superfreak de Rick James. Please Hammer, Don’t Hurt ‘Em, élu album de l’année en 1990, s’est vendu à 10 millions de CD, un score inouï. MC Hammer se vantait d’employer pas moins de 90 personnes. Il a écoulé plus de 50 millions d’albums à l’international et il fut le premier rappeur à se voir récompensé par un disque de diamant.
On le considère comme le précurseur du rap-pop, avec ses morceaux basés sur des samples que tout le monde peut identifier au premier coup d’oreille, un son qui ressemble plus à une parodie de rap, bref, du hip-hop de pacotille et critiqué comme tel à l’époque – et dont les fans ont à peine 14 ans. Mais cette facilité commerciale a finalement généré une évolution dans le rap, qui deviendra de plus en plus mainstream et s’adressant de plus à un public de gamins prépubères.

En marge des tonitruants gangsta rappeurs, des frimeurs et des bouffons en tous genres, se sont tranquillement faufilés quelques groupes comme A Tribe Called Quest, les Jungle Brothers et Arrested Development.

À l’opposé de l’image du gangsta rap, ce courant a proposé un rap alternatif qui a inspiré de nombreux autres artistes. Textes parfois surréalistes, retour à la simplicité, les samples puisent dans des genres jusque-là peu utilisés par le hip-hop, ceux du jazz, de la pop, du folk et de la psychédélique. Les paroles abordent avec détachement et fantaisie – tout en étant revendicatives – des thèmes éloignés du ghetto, comme l’amour et la paix. C’est le vrai cool, pas celui des gangsta.

Puff Daddy

Puff Daddy ne s’encombre pas de savoir s’il est cool, à 27 ans, il est déjà le plus gros vendeur international sous la double casquette d’artiste solo et de producteur. Il enrobe de guimauve ses morceaux avec des samples de The Police, d’Enya ou de Led Zeppelin. Il publie son premier album No Way Out en 1997, certifié septuple disque de platine (plus de 10 millions d’exemplaires).

Un an avant, en 1996, The Fugees (Les Réfugiés) trio hip-hop emmené par Lauryn Hill, Wyclef Jean, Pras Michel, avait sorti le sublime album The Score (comme déjà dit un peu plus haut au sujet de Straight Outta Compton, si on ne doit écouter qu’un seul disque de hip-hop dans sa vie, alors ce sera celui-là). Les plages sont variées, on y entend du très bon soul rap, on se laisse aussi bercer par des ballades sublimes comme Killing me Softly with his Song, reprise modernisée de Roberta Flack (1973), qui l’avait elle-même empruntée à Lori Lieberman (1971) ; il est intéressant de comparer ces trois versions, celle de 1971 avec un arrangement pop folk sans batterie (rythmique guitare-piano-basse + un peu de violon pour que pleure la ménagère, qui se fera consoler par son homme et tout le monde repartira content) au tempo anémique de 54 à la noire, celle de Flack, au tempo de tortue de 60 à la noire, avec une belle voix posée par une Noire pour un public blanc, bien formaté pop song, du piano électrique bien sirupeux, des chœurs bien écrits qui viennent harmoniser la superbe mélodie.

les Fugees

Killing Me Softly

La version hip-hop de Laureen Hill adopte un tempo de limace de 46 à la noire, mais ce qui est le plus surprenant, ce sont les procédés employés pour écrire les arrangements : tout est conçu pour mettre en avant la sublime voix de Laureen Hill, les chœurs harmonisés sont mixés en arrière et surtout, elle interprète de longs passages a capella, uniquement soutenue par un beat de batterie hip-hop, puis quelquefois par la basse et les chœurs qui viennent se rajouter pour combiner les voix et remplacer synthés ou guitare rythmique. Si vous voulez une leçon sur l’art du silence et du minimalisme en musique, alors écoutez ce titre. Les trois versions sont assurées par des voix de déesse et chacune porte son style à merveille. Celle de Hill est certainement soutenue par un arrangement plus original.

The Score est un album varié qui nous propose aussi des morceaux sombres (Ready or Not, en sib mineur, une tonalité pas franchement folichonne – celle de la marche funèbre de Chopin –, titre inspiré de The Delfonics, Ready Or Not Here I Come, sur fond de sample musical repiqué de Enya, Boadicea) interprétés par la voix admirable de Laureen Hill au timbre d’alto, chaud, profond et moelleux. Les tempos des morceaux, plutôt très nonchalants, nous enveloppent de leur douce indolence et nous démontrent que le trio n’a pas été influencé par AC/DC.

L’année suivante, le groupe se sépare et Laureen Hill sort en 1998 un chef-d’œuvre : The Miseducation of Lauryn Hill, qui fut nommé 10 fois aux Grammy Awards en 1999 et gagna 5 prix, dont celui du meilleur album de l’année. Ventes mondiales à ce jour : 20 millions. La voix soul de Hill nous envoûte par ses mélismes précieux, précis, vibrés juste comme il faut et qui vous prennent aux tripes (elle a dû tomber dans une église noire quand elle était petite). Assurément une voix coulée dans le diamant, soutenue par des arrangements inventifs, sans complexes ni souci du qu’en-dira-t-on. Et ce n’est pas la reprise de Can’t Take My Eyes Off You (une chanson de Frankie Valli) qui nous fera penser le contraire, écoutez la finesse de traitement du gimmick – par rapport à la bonne centaine de reprises qui existent de ce morceau, qui reproduisent fidèlement l’original (ce riff a certainement assuré une grande partie du succès de ce titre). Hill prend des risques, elle les assume et ça passe comme de l’eau gazeuse, ça rafraîchit, ça pique un peu, mais on en redemande.
Vous l’aurez maintenant compris, si l’on ne devait écouter qu’un seul album de hip-hop…

La Colline du Cyprès

Cypress Hill, groupe latino-américain originaire de Los Angeles, alterne depuis 1991 anglais et espagnol dans sa très originale production. Il évolue dans les genres les plus divers (gangsta rap, G-funk, rap chicano) jusqu’au rap métal à partir des années 2000 à nos jours, mais sans jamais se départir d’un certain raffinement ni d’une énergie vocale à toute épreuve, qui ferait même quelquefois passer Eminem pour Benjamin Biolay. Si vous voulez apprendre à rapper correctement, alors écoutez Cypress Hill : mise en place surréaliste qui donne un peu le tournis, on a l’impression de devenir des derviches tourneurs incapables de jamais s’arrêter, les instrus nous hypnotisent, pris dans une continuité sonore irréversible, assommante, évidente, percutante et les nombreux breaks, même s’ils ont l’air de vouloir nous accorder du répit – par l’usage de petits arpèges aigrelets ou autres sucreries – ne peuvent nous sortir de cet état de transe musicale. Cypress Hill ne ressemble à aucun autre groupe et sonne comme le maître incontesté du concept de tension-détente, principe fondamental et organique du discours musical. Si l’on ne devait écouter qu’une seule formation de rap, alors ce serait celle-là.

Game Theory

The Roots comprend une dizaine de membres menés par Black Thought (Tariq Trotter) et basés à Philadelphie depuis 1987. Inspiré par le jazz et la soul, c’est peut-être le seul groupe à jouer avec de vrais instruments sur scène et en studio. Et comme ils sont plus malins que les autres, ils se resamplent eux-mêmes, mais ils piquent quand même de-ci de-là à Public Enemy, Sly Stone ou Kool & the Gang.
The Roots a produit un bon exemple de rap R & B en 1999 sous le titre The Next Movement, dont le clip est proprement hilarant. Game theory, album sorti en 2006, nous montre une formation qui prend des risques avec des sons expérimentaux, un triturage sonore grandement maîtrisé et surtout, nous nous inclinons devant la science rythmique de son génial batteur Questlove, autour duquel s’articule toute la production sonore. Outre un niveau technique qui laisserait rêveur tout bon batteur de studio, il se paie le luxe d’innover (on entend chez lui des choses qu’on ne trouve pas chez les autres).

Dans l’album de 2014… and Then you Shoot your Cousin, le groupe peaufine l’aspect expérimental dans une démarche parfois étrange pour du rap (Never), des chœurs écrits comme un devoir d’harmonie qui ouvrent la cérémonie et laissent la main à un drop atonal fait aux voix et aux cordes jusqu’à l’entrée du MC. Du beau travail. Quand vous irez sur la planète Mars, emportez leur discographie complète et surtout Undun (2011), un chef-d’œuvre.

OutKast

Il faudrait faire le difficile pour ne pas apprécier Outkast – duo de hip hop inventif qui puise dans les influences rap, rock, électro, crunk (Lil Jon a inventé le crunk) et funk – et en particulier son double CD Speakerboxxx/The Love Below (2003). Plus de 11 millions d’exemplaires écoulés – c’est en fait un simple de chaque artiste, celui de Big Boi qui utilise des sonorités plutôt Dirty South et celui d’André 3000 à consonance jazzy et funk, pas seulement rappé mais aussi chanté.

Eminem, rappeur blanc qui n’a rien à envier à ses collègues noirs, est un phénomène du hip-hop. Il a intégré le style avec une virtuosité peu commune et connaît ses classiques. À partir de 1999, il va enchaîner les récompenses, tout d’abord avec The Slim Shady LP, disque de rap horrorcore d’où est extrait le méga tube My Name is.

Eminem

Eminem est peut-être le MC qui a été le plus loin dans la violence des propos. Il a vécu dans une pauvreté extrême et les sujets traités nous montrent un homme qui a souffert physiquement et moralement atteint. Il parle de la drogue, des passages à tabac dont il a été victime et des conséquences psychologiques qui en résultent.
C’est tout le contraire du gangsta rappeur, sûr de lui et crâneur. Eminem se déconsidère, victime d’un complexe d’infériorité, c’est un whitetrash, un humain bas de gamme. Il a finalement pris son indemnité sur sa vie gangrenée, il fait partie des artistes qui ont écoulé le plus grand nombre d’albums de l’industrie musicale et le MC qui a vendu le plus de disques de hip-hop, soit environ 250 millions si on compte aussi les artistes qu’il a produits. Il a collecté à ce jour plus de cinq milliards de vues sur sa chaîne officielle Vevo.

$.50

50 Cent est un rappeur new-yorkais qui s’impose comme l’un des derniers piliers du gangsta rap, soutenu par Dr Dre et Eminem. Get Rich or Die Tryin, sorti en 2003, ne sacrifie pas au genre, non plus que The Massacre (2005), mais le style gangsta va peu ou prou s’émousser jusqu’à nos jours, la surenchère de bagnoles, nanas et gourmettes en or ne fait peut-être plus rêver la jeunesse blasée.

Un nouveau son prend la relève, avec des MC comme Kaynie West, Kid Cudi, Pharell Williams et le rap devient de plus en plus mainstream. Peut-être, surproduit, perd-il au passage une bonne partie de son âme ? On pourra alors plus avantageusement se tourner vers des artistes moins populaires, mais plus authentiques : le funky Jurassic 5, avec un de ses MC, Chali 2NA, à la voix de basse.

Le dirty south Cunninlynguists, un hip-hop expérimental fait de sons et de rythmes recherchés, parfois hypnotique, souvent troublant et des rappeurs qui emportent l’auditeur dans un tourbillon verbal. Avec leur production, on frise le chef-d’œuvre.

Les Britanniques US3, qui ont piqué leurs samples dans tout le catalogue jazz de chez Blue Note, au point que le label les a obligés à signer chez eux contre l’abandon des poursuites. Du très bon jazz rap, la référence assurée dans ce style, pour qui aime le jazz.

MF Doom, le pote aux Daft Punk

MF Doom, l’alien du rap, venu de nulle part, d’une originalité à vous clouer sur place, ses expérimentations musicales sont déroutantes. Il produit, écrit et enregistre tout lui-même. Il faut écouter l’album The Mouse and the Mask (2005) avec le MC Danger Mouse dans leur collaboration sous le nom de Danger Room, un mélange électro hip-hop aux sons uniques, aux breaks, à l’instrumentation et aux changements de rythme décomplexés.


Du grand art.

Par Jean-Loup Cataldo le 10 septembre 2017

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