LE SON
Le son, qui est produit par le larynx, est renforcé par les résonateurs afin de devenir voix.
Ces cavités sont le pharynx, la cavité buccale et les fosses nasales pour certains sons.
L’amplification des harmoniques est produite par les résonateurs, qui ont la même fréquence que celle du son laryngé.
Celui-ci produit des ondes stationnaires au sein des résonateurs. Ces ondes facilitent la vibration laryngée, lorsqu’il y a correspondance entre les harmoniques et la fréquence du son, et les fréquences spécifiques des cavités résonantielles.
Il en résulte une voix au timbre plus riche, que le chanteur peut émettre plus aisément et dont il est en mesure de contrôler l’intensité.
Cet accord phono-résonantiel* est plus important dans le cas de la voix chantée, car le chanteur se voit imposer la hauteur des sons par la phrase musicale.
Pour obtenir une voix homogène, il doit donc faire preuve d’adaptation au niveau des cavités de résonance, en modifiant les zones formantiques, qui sont des plages de fréquences à l’intérieur desquelles les partiels d’un son se regroupent et se renforcent, de manière à constituer un formant (les zones de fréquences où les harmoniques sont amplifiés sont appelées des formants).
Les formants sont donc des harmoniques d’une note qui sont renforcés, amplifiés par une résonance et quelle que soit la hauteur de la note (fondamentale), ils ne bougent pas : chaque son émis, voyelle ou consonne, possède une valeur de formants fixes exprimée en Herz, par exemple i = F1 250 Hz, m = F1 300Hz, a = F1 760 Hz, etc.
Les formants permettent de distinguer un phonème d’un autre.
Ajoutons enfin que le pharynx renforce les harmoniques graves, la cavité buccale renforce les aiguës.
* C’est le principe de base de la technique vocale : pour émettre un son assez puissant sans avoir à fournir de trop gros efforts, il suffit d’accorder les cavités de résonance, c’est-à-dire la cavité pharyngale et la cavité buccale sur le son laryngé, en modifiant leur forme et par conséquent leur volume.
LA TESSITURE
La tessiture correspond à l’ensemble des notes que le chanteur peut émettre de manière confortable et harmonieuse
Lorsque par exemple un sujet homme parcours toute l’étendue de sa voix, du grave à l’aigu, de façon naturelle et sans technique particulière, le timbre ne reste pas homogène d’un bout à l’autre ; il se produit un changement de couleur à la fin du médium ou au début de l’aigu : la voix change de timbre, ressemblant un peu à celle d’une femme.
Ce phénomène est appelé changement de registre. Il s’accompagne d’une modification des sensations vibratoires, dont le siège semble passer du thorax à toute la tête.
Le même phénomène existe aussi chez les femmes, avec une vibration thoracique limitée à l’extrême grave, là où leur voix ressemble à celle d’un homme.

Bianca Castafiore, le Rossignol Milanais
Lorsque l’on monte vers l’aigu, il est une zone où la voix à tendance à « blanchir », à perdre son homogénéité et il devient difficile de monter au-delà, surtout lors de l’émission des voyelles ouvertes.
Dans cette zone, entre C3 et F#3 selon les voix, il semble que le processus vibratoire des cordes vocales propre au mécanisme de poitrine ne soit plus opérant.
LE PASSAGE
Pour rester dans le même processus vibratoire, il faut alors effectuer le « passage », qui consiste à concentrer le son et à transformer la voyelle ouverte en la voyelle fermée la plus proche (la transformation ne doit pas être caricaturale et l’intelligibilité du texte préservée), afin de réorganiser les harmoniques du son fondamental pour conserver la même qualité timbrale et ainsi homogénéiser la voix sur toute son étendue.
Chez les femmes, le passage de la voix de poitrine en voix de tête, se fait également entre C3 et F#3 selon les voix ; on remarquera qu’il se situe au même endroit que chez les hommes (mais pour une femme, logiquement, dans le grave), il s’agira alors de changer le processus vibratoire des cordes vocales et de passer en fausset.
L’émission en voix de tête étant le processus vibratoire principal pour les voix de femmes.
LA COUVERTURE
La « couverture » est la protection physique et la sauvegarde de la voix au-delà du passage et même en deçà, par
la modification et l’assombrissement des voyelles.
Elle modifie les voyelles en voix pleine, au moins au-delà du passage, afin de protéger la voix à l’opéra.
Dans le mode d’émission qui caractérise le chant lyrique, c’est en fermant et en postériorisant les voyelles qu’elle s’effectue généralement
([a] s’approchant de [o] est le plus fréquemment employé, mais il en existe d’autres, parfois variables d’une école à l’autre, par exemple
[i] ou [é] tendant vers [eu]).
La couverture des sons peut donc se faire chez le chanteur sur toute sa tessiture, sauf à ce qu’on appelle ce geste autrement,
assombrissement de la voyelle ou augmentation d’impédance. Si on s’en tient en effet à la définition de la couverture : « modification
de la voyelle par une voyelle supérieure dans le triangle vocalique », nous observons qu’en termes de chanteur :
– on peut aller d’une voyelle ouverte vers une voyelle supérieure dans le triangle vocalique sans couvrir le son, sans changer les autres
paramètres de hauteur et d’intensité du son.

Glotte de requin blanc
– on peut couvrir une voyelle sans la changer et obtenir ainsi le résultat technique et acoustique souhaité.
– on peut chanter une voyelle fermée ouverte ou couverte à volonté.
– on peut réaliser tous ces gestes dans le grave comme dans l’aigu et à des intensités variables.
En fait, c’est le terme de couverture qui semble incomplet en technique vocale, tout du moins dès qu’on y allie l’intensité sonore et le
timbre. On doit alors y adjoindre les notions d’impédance et d’assombrissement de voyelle :
Le geste de technique vocale appelé « couverture des sons » sert à maîtriser notamment par ses muscles abdominaux et les muscles de
la face le flux vocal, le phrasé, les nuances, les intervalles et sa réserve de souffle.
Il implique en permanence une adaptation de la pression sous-glottique et des cavités de résonance selon la hauteur de la note à
atteindre, l’intervalle à franchir, la voyelle à prononcer, la distance plus ou moins proche d’une difficulté à franchir, aigu, trille, trait,
appoggiature, nuance.
Elle n’est pas utilisée que par les chanteurs lyriques :
Yves Montand chante quand on s’balade, qu’il prononce bala- ouvert, – dEU couvert.
Ella Fitzgerald chante when you’re in my arms, and i feel you so close to me (The Nearness of You) ; elle prononce distinctement arms
A-EURMS, close CLO-OUSE et me MI-U.
Franck Sinatra chante and old man river (Old man river) ; il prononce O-OULD.
Extrait du Volume V, Traité de l’Arrangement
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