Il me faut parler d’un compositeur Francais pour le moins doué, même s’il n’a écrit qu’une seule œuvre.
A l’âge de 9 ans, son père lui fait passer une audition au Conservatoire. Il arrive à indentifier sans difficulté une suite d’accord.
Un soir, son professeur de piano, Marmontel, l’accompagne dans un salon, pour écouter le survolté Franz Liszt. Ce dernier joue une rhapsodie ; à la fin du morceau, Marmontel s’approche du piano, le taquine (le piano, pas Liszt) en faisant mine de chercher ses accords.
Il dit à son élève qu’il ne se souvient plus très bien de ce qu’à joué Liszt.
L’élève se met au piano et rejoue de mémoire la rhapsodie.

Franz Liszt, 1811 – 1886
Liszt n’en croit pas ses oreilles et décide sur le champ de ne plus toucher un piano et de devenir prêtre (non, je rigole…)
Le jeune Bizet, puisque c’est de lui qu’il s’agit, rentre chez lui et se met à composer fébrilement son opéra CARMEN (je re-rigole…).
Il demande à des paroliers en vogue – Henri Meilhac et Ludovic Halévy – d’en écrire les textes.
L’histoire est inspirée d’une nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen.

Georges Bizet – Par H. Meyer
L’opéra est littéralement farci de tubes, que la ménagère andalouse fredonne sous la douche aussi bien que la maman esquimaude dans son igloo et l’américain moyen derrière son barbecue.

Carmen
Et pourtant, l’histoire est encore une belle escroquerie que les auteurs font trainer 160 minutes sur 4 actes.
Pour ma part, je vous aurais torché l’affaire en 6 minutes 33 secondes.
Jugez par vous même de l’intrigue et vous me donnerez raison. Donc, voici le le résumé de 4 actes :

1er acte : Un homme et une femme se rencontrent.

2e acte : Ils s’aiment.

Oups pardon, je voulais dire ☝️.

3e acte : Elle le quitte.

4e acte : Il la tue.
Donc faire durer un argument aussi pauvre 160 minutes, il fallait oser !
Mais ce vieux requin de Bizet savait bien berner son public, par des mélodies faciles à retenir, une solide orchestration, un peu de poésie par çi par là, quelques espagnolades, qu’on avait même jamais entendu auparavant en Espagne et dont les Espagnols, sûrs de leur fait, on repris à leur compte.
Ce n’est ni la 1ere ni la dernière fois que les compositeurs se créent un exotisme imaginaire, il n’est que d’écouter le distingué Stravinski pour s’en convaincre.
Bref, l’Espagne n’était alors pas à la mode et la première fut un échec.
Les raisons furent données par les critiques musicaux :
… L’abandon de Don José par Carmen est le résultat d’un caprice brutal et sensuel qui choque nos idées reçues sur les amoureuses de théatre
… Au théâtre, on aura toujours peine à accepter des personnages aussi peu acceptables que Carmen et Don José, fille et bandit, et le public s’étonnera toujours quand on cherchera à l’amuser aux dépens de coquins qu’il faudrait traduire en cours d’assises
… L’état pathologique de cette malheureuse, vouée sans trève ni merci aux ardeurs de la chair, est un cas fort rare, heureusement, plus fait pour inspirer la sollicitude des médecins que pour intéresser d’honnêtes spectateurs, venus avec leur femme et leurs filles…
… Ce n’est pourtant pas avec d’ingénieux détails d’orchestre, des dissonances risquées, des finesses instrumentales qu’on peut exprimer musicalement les fureurs utérines de Melle Carmen et les aspirations des ribaudes qui lui font cortège.
La musique n’est pas épargnée :
… Monsieur Bizet appartient à l’école du civet sans lièvre ; il remplace par un talent énorme et une érudition complète la sève mélodique qui coulait à flot de la plume des Auber, des Adam, des Hérold et des Boieldieu
… M. Georges Bizet est un disciple de l’école wagnérienne. Il prétend se passer de mélodie et remplacer l’inspiration par la science.
Bizet meurt 3 mois après la première de Carmen. Des suites d’un refroidissement dû à une baignade dans la Seine.
Mort certainement aussi précipitée par le douloureux échec de Carmen.
Soyez le premier à commenter !